Château de Langeais©Philippe Body

Autour de Langeais : la Loire à vélo de villages en châteaux

Pédaler ne nous fait pas peur ! Avec mon mari, nous partons pour deux jours sur la Loire à vélo, entre Tours et Langeais. Villandry, Rigny-Ussé, Bréhémont… je lui ai promis des châteaux et des villages enchanteurs moins de 100 km, via le Cher et la vallée de l’Indre, aux rives luxuriantes.

Jour 1 : Tours-Savonnières le long du Cher

Ce matin, nous quittons Tours sans hâte, direction Bréhémont par la Loire à vélo. Nous avons étudié l’itinéraire sur le site web : inutile de se presser pour parcourir la quarantaine de kilomètres qui nous mènera dans ce village typiquement ligérien pour y passer la nuit. Nous prévoyons même une halte à Villandry, à 22 km d’ici.

Rillons, sainte-maure… nous avons fait le plein de victuailles aux Halles de Tours en prévision d’un pique-nique au bord de l’eau !

Loire à vélo

Après avoir traversé la ville, nous longeons une partie du lac de la Bergeonnerie et regagnons rapidement le Cher. Nous sommes bien sur la Loire à vélo, mais c’est d’abord son affluent que nous suivons pendant une vingtaine de kilomètres, jusqu’à la confluence. Nous avons beau être en pleine ville, les rives sont luxuriantes, la végétation exubérante. On se croirait dans un bayou !

Nous pédalons sans mal sur cet itinéraire sécurisé, plat, accessible aux enfants dès 7 ans. À Ballan-Miré, nous passons près du Grand Moulin, toujours en activité. Construits en 1520, ses anciens bâtiments sont classés à l’Inventaire des Monuments Historiques.

L’arrivée à Savonnières nous laisse un excellent souvenir. En bordure du Cher, la vue sur le village, dominé par une belle église en tuffeau du 12e siècle, est magnifique, sublimée par la présence de bateaux traditionnels.

Villandry : un village, un château et des jardins enchanteurs

Nous poursuivons notre itinérance vers Villandry. Le rythme nous permet de remarquer dans les champs : corbeaux freux, corneilles noires et hérons à l’affût, comme figés. Quand nous retrouvons la proximité de la rivière, ce sont les sternes qui nous accompagnent.

Juste avant d’arriver dans le village, j’aperçois le château de Villandry au loin sur la gauche. Un milan noir survole la levée. Nous bifurquons pour gagner le village et visiter les jardins du château, célèbres pour leur potager décoratif. Il est environ 11 h. Tant pis si nous ne découvrons pas ce site avec la meilleure lumière, c’est-à-dire deux heures avant le coucher du soleil…

Balade romantique dans les jardins...

Achevé vers 1536, Villandry est le dernier des grands châteaux bâtis près des bords de Loire pendant la Renaissance. Séduits par l’architecture du monument dans la cour d’honneur, nous contemplons ses reflets dans les douves, puis nous suivons la visite des jardins dans l’ordre recommandé par le fléchage.

Nous montons au belvédère pour jouir d’une remarquable vue d’ensemble sur les quatre niveaux des jardins, cultivés en bio depuis 2009.

Au niveau supérieur, le "Jardin d’eau" est composé d’un vaste cloître de tilleuls (plus de mille taillés chaque hiver !). Au deuxième niveau, dans le jardin d’ornement, se déploient sous nos yeux les quatre carrés des "Jardins d’amour".

Vue sur les jardins
Vue sur les jardins

Nous empruntons un chemin qui domine d’une trentaine de mètres les jardins. Impossible de résister à la tentation de retirer nos sandales sur le gazon ras… Nous surplombons ensuite le "Jardin d’eau" et le château. Ce miroir aquatique rassemble les eaux nécessaires à l’irrigation des jardins et à l’alimentation des fontaines.

Nous traversons le "Jardin du soleil", plus récent, planté d’arbustes et de vivaces bleus et blancs. Nous contournons le labyrinthe constitué de charmes pour traverser le "Jardin des simples", aux plantes aromatiques et médicinales odorantes. Nous explorons pour finir le merveilleux potager décoratif de la Renaissance, dont les plantations sont renouvelées deux fois par an, au printemps et en été.

Un dernier coup d’œil sur le château, puis nous allons nous balader dans le village, plein de charme, aux ruelles bordées de vieilles maisons. L’église Saint-Étienne (11e) se situe juste à la sortie des jardins. Ronsard en fut l’un des premiers curés-prieurs au 16e siècle.

Bec du Cher : quand le Cher embrasse la Loire

Nous enfourchons de nouveau nos vélos et nous nous installons près du bec du Cher pour casser la croûte : c’est ici que l’affluent se jette dans la Loire. Les trépidations provoquées par une petite partie pavée sur 500 mètres ont achevé de creuser notre appétit ! Quel cadre apaisant pour se sustenter ! Comme si le spectacle ne suffisait pas, un balbuzard pêcheur plane dans son habit blanc et brun au-dessus du fleuve, en quête de poissons à capturer. Nous admirons longuement le vol de ce rapace migrateur masqué.

Bréhémont, ancienne capitale du chanvre en Touraine

Bréhémont est notre dernière étape du jour. Le plus ancien port pavé de Touraine fut aussi la capitale du chanvre au milieu du 19e siècle, avec plus de 500 chanvriers ! Plus de 120 fours subsistent sur la commune : ils servaient à sécher les tiges pour en extraire la fibre utilisée pour fabriquer les vêtements, cordages et voiles de bateaux. Une randonnée pédestre "Entre Indre et Loire" de 12 km permet d’en découvrir quelques-uns : elle part de l’église Sainte-Marie-Madeleine (19e), dont le chœur n’est pas orienté vers l’Est comme le veut la règle, mais vers l’Ouest !

L’activité sur la Loire était importante aux 18e et 19e siècles sur le port de cette commune prospère, où les vélos ont remplacé les bateaux !

Nous repérons sur le quai le restaurant d’un pêcheur de Loire pour ce soir, La Cabane à matelot, mais toutes les tables sont malheureusement déjà réservées. Nous nous installons pour un moment de répit au camping Loire et Châteaux où nous passerons la nuit en "campétoile", une petite cabane sur pilotis d’où l’on admire les étoiles sous une toile transparente.

On nous propose pour le lendemain une balade d'1h30 en gyropode sur les bords de l’Indre, mais nous préférons rester fidèles à nos montures !

Jour 2 : entre Loire et Indre

Les yeux remplis d’étoiles après notre nuit sur notre "toile de sommeil", nous nous remettons en selle et continuons à longer la Loire avant de bifurquer en direction du château de Rigny-Ussé, à environ 8 km.

Rigny-Ussé, le château de la Belle-aux-Bois-Dormant

Ce château de conte de fées richement meublé, qui aurait inspiré Charles Perrault pour sa Belle-aux-Bois-Dormant, ravira les enfants !

Nous préférons la nature à la légende et optons pour le court sentier nature aménagé le long de l’Indre : cette fois, aux animaux de vivre leur conte de fées. Munis du dépliant téléchargé sur le site du Parc ou disponible à la mairie, nous nous amusons à résoudre charades, rébus et anagrammes autour des libellules, des chauves-souris et autres habitants qui peuplent les rives. Nous apprenons au passage qu’autrefois, le tabac était cultivé à Rigny-Ussé.

Nous flânons ensuite dans les rues de ce joli village, où nous achetons quelques produits du terroir pour le pique-nique.

Autre option possible, faire à vélo la boucle vélo n° 21 "La Belle au Bois Dormant" qui mène jusque dans un joli vallon pour voir la vieille église romane de Rigny.

 

Redécouvrir la culture du chanvre le long des bardeaux de l’Indre

En guise de pédalage digestif, nous regagnons l’itinéraire cyclable des bardeaux de l’Indre, une levée (digue) de terre qui borde l’affluent. Nous suivons une piste cyclable de plus 5 km de long qui traverse cet Espace naturel sensible, constitué d’anciens marécages dont les bras se jettent dans l’Indre.

Des panneaux explicatifs nous informent sur les vestiges de la culture du chanvre, qui se pratiquait à l’abri des crues : on faisait rouir ses tiges rassemblées en radeaux et lestées grâce à des pierres dans des fosses en eau, les "routoirs" (rousseoirs), pour que les fibres se décollent par fermentation. Le routoir de la Butte aux oies fut en service jusqu’en 1966.

À Rivarennes, la Maison de la poire tapée

J’ai entendu des éloges d’une spécialité de Rivarennes dans l’émission "On va déguster" sur France Inter, et je tiens absolument à visiter la Maison de la poire tapée. C’est la vitrine de l’association du même nom, qui perpétue la tradition avec ses vergers.

La spécialité de Rivarennes : de sa fabrication à sa dégustation

Une jolie muséographie permet de percer les secrets de ce mets ancestral, qui connaît un renouveau depuis la fin des années 80. La poire tapée résulte d’une longue et minutieuse déshydratation dans des fours à bois ou des séchoirs électriques. Une courte vidéo raconte avec humour l’histoire de ce savoir-faire qui nécessite de nombreuses étapes : parage, séchage, platissage…

Maison de la poire tapée
Maison de la poire tapée

C’est ce geste, toujours pratiqué à la main, qui leur vaut leur nom : les poires sont en effet aplaties à l’aide d’un instrument spécifique, la "platissoire". "Cela permet de retirer la bulle d’air autour du pépin et garantit une parfaite conservation", nous explique Valérie, l’une des animatrices du lieu.

Les poires tapées peuvent ensuite se conserver des années et sont dégustées comme fruits secs, cuisinées ou réhydratées dans du vin. La dégustation qui suit la visite permet de faire son choix dans la boutique, où l’on trouve aussi les produits des deux autres producteurs : Reines de Touraine et La Maison Hérin.

De retour à Tours par Langeais

Survitaminés, nous enfourchons une dernière fois nos vélos pour regagner les bords de Loire, direction Langeais. Il ne s’agit pas de louper le TER qui nous ramènera à Tours ! Il nous faut certes moins d’une heure pour rejoindre la gare d’ici, mais nous tenons à jeter un œil sur le château de Langeais. C’est tout de même là que Charles VIII épousa Anne de Bretagne !

Nous traversons la Loire sur le pont suspendu de Langeais, aux piles ornées de tourelles, dont la dernière reconstruction remonte à 1949 !

Un dernier coup d’œil sur le fleuve royal et nous entrons dans la ville. Depuis le centre, la vue sur le château est splendide : pont-levis, tours et mâchicoulis évoquent une forteresse médiévale, mais côté parc, sa façade est Renaissance. Reconstruit au 15e siècle par Louis XI, il figure parmi les plus anciens châteaux de la Loire.

Dommage que nous n’ayons pas le temps de le visiter ! Mieux vaut arriver en avance à la gare, car les vélos ne sont acceptés que si le TER n’est pas bondé. Au guichet, on nous promet de nous rembourser les billets si le train est complet. Heureusement, il n’en est rien !

Une demi-heure plus tard, nous voici devant la gare de Tours, qui a fière allure. Et pour cause, elle fut construite sous la direction de l'architecte tourangeau Victor Laloux, également à l’origine de l’actuel musée d’Orsay, à Paris.

Gare de Tours
Gare de Tours

Il nous reste à trancher sur l’issue de notre soirée dans cette belle Ville d’Art et d’Histoire : place Plumereau, en mode touristes, pour ses hautes maisons à pans de bois ? Ou à la guinguette de Tours-sur-Loire, pour retrouver encore une fois ce fleuve qui nous est si cher ?

Se loger autour...

Hébergement insolite
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