vue aérienne du paysage de la confluence de la Loire et de la Vienne. On y aperçoit le village de Candes-Saint-Martin©N. Van Ingen_propriété du Parc naturel régional utilisation interdite

Les vallées de la Loire et de ses affluents

Le célèbre Val de Loire cache d’autres vallées au charme discret. Du Moyen Âge à aujourd’hui, la fertilité des terres a attiré les hommes dans ces vallées. Aujourd’hui, chacune a ces spécificités, terre de bocage, culture de semences ou paysages de vergers.

Le Parc Loire-Anjou-Touraine se trouve à l’ouest du Val de Loire. On utilise cette expression pour désigner la région qui s’étend du Val de Loire orléanais au Val d’Anjou, et qui déborde donc des contours du Parc.

Mais le terme de « vallée » désigne aussi un milieu bien particulier : c’est un espace situé de part et d’autre d’un cours d’eau, inondable, de basse altitude et d’apparence plat, qui s’arrête aux premiers reliefs (plateaux, coteaux…). Il correspond au lit majeur de la rivière, c’est-à-dire la zone qui peut théoriquement être inondée en cas de crue (tandis que le lit mineur est l’espace où l’eau s’écoule en temps normal).

Le Parc ne compte donc pas une, mais plusieurs vallées : celle du fleuve et des rivières qui le traversent !

Le terme de « val » est plus spécifique. Il désigne les portions de la vallée de la Loire où la zone d’inondation est large et présente un léger dénivelé. On y distingue alors différentes unités topographiques qui ont beaucoup influencé l’occupation humaine. À proximité immédiate du fleuve, se trouve la partie la plus élevée : le bourrelet de rive, constitué des éléments les plus grossiers (sables et graviers plus ou moins limoneux). Rehaussés et renforcés au fil des temps par la construction de levées, ces promontoires naturels ont largement favorisé l’installation des hommes et des cultures.

À l’autre extrémité de la vallée, en pied de coteau, se situe la zone la plus basse, généralement parcourue par un affluent (Authion, Indre, Cher) ou un bras secondaire (Louet) : la dépression latérale, concentrant les dépôts les plus fins donc les terres les plus argileuses, voire marécageuses. Ces zones humides ont au contraire favorisé le développement des prairies (aux dépens des bois) et sont dépourvues d’habitations.

Enfin, au cœur des vals, se trouve aussi d’autres buttes isolées : les montil(le)s, issus du remaniement incessant de ses propres sédiments par la Loire au cours du Quaternaire. Ils sont également favorables à l’occupation humaine. C’est cette topographie particulière que l’on retrouve entre Saint-Patrice (37) et les Ponts-de-Cé (49), section mieux connue sous le nom de Val d’Authion.

Contrairement à la plus grande majorité des vallées secondaires, le Val de Loire est donc largement habité. D’orientation majoritaire Ouest-Est jusqu’à Orléans, donc largement ouverte aux douceurs océaniques, la Vallée de la Loire ne connaît pas de climat rigoureux. La totalité du Parc naturel régional bénéficie en effet d’un climat océanique dégradé, avec un cumul annuel de précipitations ne dépassant pas 700 mm ; favorable aux vignobles.

Les nombreux affluents de la Loire (Cher, Indre, Vienne, Changeon, Authion, Thouet…) ont entaillé la surface des plateaux et fait affleurer un soubassement calcaire. L’Homme s’est établi très tôt dans les vallées : les plus anciennes traces d’occupation remontent au Néolithique. Le dolmen de Bagneux situé à proximité du Thouet ou encore celui de la « Vacherie » en plein cœur du marais de Distré, attestent de premières installations au plus proche de l’eau. Mais les traces les plus complètes correspondent à la période gallo-romaine. À cette époque, l’implantation se faisait sur des buttes naturelles (les montil(le)s), qui permettaient aux habitants d’échapper aux crues. S’installer en zone inondable n’était pas sans risque, mais permettait d’accéder à de nombreuses ressources : nourriture, matériaux de construction, terres cultivables, voies navigables…

Cette occupation s'est accompagnée de travaux de déboisement et d'assainissement, en particulier à partir du Moyen Âge : les boisements alluviaux ont été défrichés pour y développer les cultures ainsi que leurs compléments indispensables : de vastes pâturages.

En Anjou, la vallée de la Loire est particulièrement dissymétrique. Sur la rive gauche, les coteaux de tuffeau surplombent le fleuve – en particulier sur la portion allant de Montsoreau jusqu’à Saumur, où ils peuvent atteindre les 40 ou 50 mètres de hauteur. On y visite certaines cavités troglodytiques. Ce sont d’anciennes carrières transformées en caves viticoles, en musées ou en hébergements touristiques. En rive droite, le Val d’Authion est abrité derrière la grande levée d’Anjou.

La prospérité des « jardins de la France »

Depuis le Moyen Âge, les vallées sont très majoritairement consacrées à l’activité agricole. Pendant des millions d’années, le fleuve a déposé une succession de sédiments (sables, limons, argiles) dans son lit majeur, créant des terroirs fertiles dont certains sont particulièrement favorables aux cultures (bourrelets sablo-limoneux). À la richesse des terres s’ajoutent la douceur du climat angevin (tempéré et bien ensoleillé) et un accès facile à l’eau.

L’Homme a ainsi transformé le paysage en fonction de ses besoins, des contraintes naturelles et des ressources à sa disposition. Les défrichements et l’extension des pâturages ont entraîné la disparition progressive des forêts dans les vallées alluviales, hormis quelques boisements épars. Une fois la levée de la Loire construite, toutes les conditions étaient réunies pour cultiver des fruits, légumes, plantes textiles et céréales dans la vallée, en association avec les immenses prés communaux.

La proximité de la Loire offre la possibilité d’exporter rapidement les produits et marchandises jusqu’en Belgique ou en Angleterre. Une abondante production maraîchère et horticole se développe donc, valant au territoire de l’actuel Parc Loire-Anjou-Touraine le surnom de « jardin de la France » !

La prospérité de la région, combinée à la présence d’une roche facile à extraire et à sculpter, explique aussi la beauté de l’architecture locale. Le fleuve a permis la circulation des matériaux de construction entre les différents ports de Loire : la pierre de taille (tuffeau), les ardoises de Trélazé, la pierre de falun

À partir du 17e siècle, mais surtout entre 1750 et 1850, les vallées concentrent la production de chanvre, nécessaire à la confection de cordage et voiles pour la batellerie. En Anjou comme en Touraine, sa culture se développe considérablement encourageant encore les défrichements et la division des prés communaux (disparition des dernières reliques des forêts de Beaufort et de Belle-Poule). La région de Bréhémont et la basse vallée de l’Indre conservent, encore de nos jours, les témoins de cette ancienne activité sous la forme de fours à chanvre, rouissoirs et granges. À Beaufort en Vallée, quelques vestiges de l’ancienne manufacture royale de toiles à voile témoigne encore de ces heures florissantes.

 

Champs de chanvre dans le Val d'Authion©N. Van Ingen
Champs de chanvre dans le Val d'Authion©N. Van Ingen

La vallée de l’Authion, des prairies communales à la plaine cultivée

Aujourd’hui, le Val d’Authion est un parfait exemple de paysage façonné par l’Homme. Situé entre le Baugeois (au nord-est du Parc) et la levée de la Loire, ce territoire a longtemps été soumis aux humeurs du fleuve et de son affluent. Parcouru pendant des siècles par de nombreux ruisseaux, marécages et forêts, la vallée a été progressivement défrichée et assainie pour y développer une activité vivrière, puis commerciale.

À partir du 18e siècle, plusieurs aménagements tentent de mettre la vallée de l’Authion à l’abri des crues pour étendre les cultures à la place des grands prés communaux : par exemple, la construction du pont de Sorges en 1732 ou le déplacement de la confluence Loire-Authion à Sainte-Gemmes-sur-Loire en 1770. Hélas, chaque année, les eaux de la Loire continuent de recouvrir les zones les plus basses de la vallée, en refoulant dans l’Authion.

En 1967, Edgar Pisani, ancien ministre de l’Agriculture et alors ministre de l’Équipement et député du Maine-et-Loire, lance un projet ambitieux : transformer ces zones régulièrement inondées en polder (étendue de terre gagnée sur l’eau) cultivable, pour à la fois y créer le plus grand pôle horticole de France et permettre l’extension de la ville d’Angers en y accueillant les horticulteurs délocalisés par la construction d’un nouveau quartier de grands ensembles : La Roseraie.

Afin de contrôler à la fois l'évacuation de l'eau en hiver et l’irrigation en été, le cours de la rivière est artificialisé en de nombreux endroits (barrages, fossés, stations de pompage…) et une immense réserve est constituée en amont, sur le Lathan, un affluent de l’Authion : le lac de barrage de Rillé. À force d’être recalibrée, la rivière devient un « canal discipliné ». Certaines portions de vallée humides ont gardé un aspect un peu plus sauvage, comme les marais de Brain-sur-l’Authion ou les abords du Lathan à Longué-Jumelles.

En parcourant le Val d’Authion, vous serez peut-être surpris par la mosaïque de cultures qui se déploient sous vos yeux. Sur ce territoire, les petites parcelles côtoient les grandes exploitations et les productions sont variées. On y pratique surtout la céréaliculture, l’horticulture et le maraîchage.

 

village de Brain-sur-l'Authion : vue sur les maisons et sur la rivière l'Authion
Village de Brain-sur-l'Authion : vue sur les maisons et sur la rivière l'Authion ©N. Van Ingen

 

Le bocage, paysage rural menacé

Le bocage est un paysage emblématique du Parc, qui apparaît au Moyen Âge mais qui, dans les vallées, se développent surtout après 1850. Il est composé de cultures ou de prairies, délimitées par des clôtures : généralement au départ des fossés, puis des haies vives constituées de broussailles, d’arbres et d’arbustes. Dans les espaces pâturés, on trouve aussi de nombreuses mares. L’habitat y est généralement dispersé, sous forme de fermes et de hameaux, signe d’une individualisation des terres. Mais pour les bocages tardifs, comme dans la vallée de la Loire, les habitations peuvent être regroupées, autour des points les plus élevés.

Pendant longtemps, les haies sont exploitées par l’Homme. Elles lui fournissent des fruits, du bois d’œuvre et de chauffage ainsi que du fourrage pour les animaux. Mais, après la Seconde Guerre Mondiale, la modernisation de l’agriculture entraîne la disparition de nombreuses haies. L’élevage n’est plus directement utile pour les cultures (les engrais artificiels ayant remplacé le fumier), les vallées se spécialisent et, dans les zones cultivées, les prairies reculent au profit des terres labourées. Pour faciliter l’exploitation des terres, les petites parcelles sont regroupées et redistribuées, formant des exploitations agricoles d’un seul tenant. L’Homme n’utilise alors plus autant la ressource en bois du bocage, notamment pour se chauffer. Les haies ne délimitent plus les propriétés et gênent le passage des engins : beaucoup d’entre elles sont donc arrachées.

Le bocage est encore présent en bord de Loire et dans les basses vallées de la Vienne et de l’Indre où l’élevage s’est maintenu. Il est essentiellement constitué de prairies, qui servent au pâturage et à la production de foin. Son caractère inondable est une spécificité locale et contribue à sa richesse.

En aval de Chinon, le bocage du Véron est caractérisé par son double rideau d’arbres têtards. On reconnaît ces arbres – le plus souvent des frênes – à leur « grosse tête », due à des tailles systématiques entre 1,5 et 2 mètres de hauteur. Après chaque coupe, la cicatrisation vient épaissir le sommet du tronc et dessine une boule. Ce mode d’exploitation spécifique permet d’obtenir du bois de chauffage et de tressage.

 

vue aérienne du bocage en vallée de la Vienne, arbres têtards alignés aux couleurs orangées
Vue aérienne du bocage en vallée de la Vienne, arbres têtards alignés aux couleurs orangées ©N. Van Ingen

 

L’arboriculture fruitière : pommes et poires du territoire

L’arboriculture fruitière est une tradition très ancienne sur le territoire ; mais les vergers du Val de Loire se développent particulièrement au 19e siècle . Aujourd’hui, ils sont souvent implantés dans la vallée de la Loire, dans le secteur d’Azay-le-Rideau et autour de Saint-Remy-la-Varenne, Allonnes et Chouzé-sur-Loire.

De nombreuses variétés, dans lesquelles vous croquez peut-être, ont été créées dans la région : la poire « Doyenné du Comice », les pommes « Belle angevine », « Patte de Loup », « Reinette de Doué », « Belle de Saumur », « Pépin de Bourgueil »…

À partir des années 2000, les vergers sont touchés par plusieurs crises : surproduction, accroissement de la concurrence due à la mondialisation. Pour séduire de nouveaux marchés et diminuer leurs coûts de production, les producteurs se tournent vers de nouvelles variétés, comme les pommes « Ariane » et « Pink Lady », ou les poires « Angélys ». Ils cherchent également des solutions pour protéger leurs cultures des accidents climatiques. Aussi, ne soyez pas étonné si vous croisez des vergers couverts par des filets anti-grêle !

Comment goûter les fruits du terroir ? Vous pouvez évidemment les manger tels quels, sitôt cueillis de l’arbre. Mais saviez-vous que les pommes et poires de la vallée de la Loire se dégustent également sous forme de fruits tapés ? Cette méthode ancienne de conservation des fruits a donné l’une des meilleures friandises de la région. Séchés, passés au four puis aplatis, les fruits tapés se consomment secs ou réhydratés dans du sirop, du vin… Avant de partir, ne manquez pas de goûter les pommes tapées à Turquant ou les poires tapées à Rivarennes !

 

vue aérienne d'une plantation d'arbres fruitiers
Vue aérienne d'une plantation d'arbres fruitiers à Lignières de Touraine©N. Van Ingen

 

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